Tous les deux mois, à l’occasion de la newsletter « La Feuille 2.0 », la Communauté de Communes Les Bertranges publie un portrait d’élu communautaire.
Pour ce troisième entretien, nous vous proposons de découvrir la deuxième vice-présidente de l’intercommunalité, Dominique Jolly-Meilhan , en charge de l’action sociale, le service à la personne, la santé et la maison de services au public.
CCLB : Pouvez-vous nous dire d’où vous venez ? Nous raconter votre parcours professionnel ?
D.J-M. : Mes origines sont prémericoises, puisque je suis issue de deux familles très implantées à Prémery depuis plus de 400 ans : la famille Cheutin (demeurant sur la colline des Chaumes Grandjean) et la famille Meunier, fondatrice de la tuilerie. Mon arrière-grand-père, François Cheutin, était juge de paix à Prémery et son cousin, le Général Cheutin, était aviateur et a crée le premier aérodrome dans la Nièvre, à Guérigny. Il a d’ailleurs été récemment mis à l’honneur à Guérigny par le Maire Jean-Pierre Chateau à travers une belle exposition.
Bien que je sois née à Donzy, j’ai passé mon enfance à Prémery. J’ai d’ailleurs été scolarisée dans le château de Prémery jusqu’à l’âge de 7 ans. Suite au décès de notre père gendarme, nous étions pupilles de la nation avec mon petit frère.
Dans le cadre de ses fonctions d’enseignante, notre mère a été mutée en Franche-Comté, à Montbéliard et nous avons donc dû quitter la Nièvre. Toutefois, nous y revenions à notre plus grande joie à toutes les vacances.
Ma vie professionnelle a été pleine de rencontres et d’expériences plus intéressantes les unes que les autres. J’ai poursuivis mes études d’infirmière de 1968 à 1970 à l’école de la Pitié-Salpêtrière (Assistance publique des Hôpitaux de Paris). J’ai exercé pendant un an en milieu hospitalier, mais très rapidement, j’ai eu l’opportunité de rejoindre le monde de l’industrie pharmaceutique. On m’y a d’ailleurs confié la mission d’implanter la précieuse Bétadine dans les blocs opératoires des hôpitaux de Paris. Ma connaissance dans ce milieu était clairement un plus pour mener à bien cette mission.
À la suite de cette expérience, j’ai fait le choix de privilégier l’éducation de mes deux fils pendant 10 ans et je les remercie d’être entrés dans ma vie. Étant l’épouse d’un professeur de tennis, je l’ai assisté dans son activité au sein de son club de Rocquencourt (78) en recevant la clientèle, et la gestion du club house. J’ai d’ailleurs pu m’adonner à cette passion du tennis en multipliant les tournois et améliorer mon classement. Nous avons hébergé des joueurs Australiens et Américains venant participer au tournoi de Roland Garros. C’est aussi une époque où je tournais pour des films publicitaires ; c’était vraiment un autre monde…
À 37 ans, j’ai perdu ma mère. À ce moment là, mes enfants avaient une dizaine d’années et étaient un peu plus autonomes. J’ai donc décidé de reprendre mes études à la faculté de médecine sur un cursus de nutrition. Très rapidement, j’ai eu l’occasion d’enseigner et cela me plaisait beaucoup : transmettre mes connaissances. Alors j’ai créé un centre de formation et de communication en nutrition avenue de Wagram à Paris et me suis spécialisée dans la micro-nutrition. Un challenge passionnant qui m’a permis de signer des contrats avec divers laboratoires de micro-nutrition.
On m’a confié la formation des pharmaciens, des médecins et des paramédicaux. J’ai d’ailleurs eu la chance de rencontrer le Dr David Servan-Schreiber et de travailler pour son laboratoire.
Pendant 30 ans j’ai défendu la qualité nutritionnelle et lutté contre les informations mensongères, en enseignant dans les écoles d’infirmières, à la faculté de Nanterre et dans les écoles d’esthéticiennes sur toute la France en faisant également des conférences.
En 2012, j’ai décidé de mettre fin à mon activité professionnelle et je me suis installée définitivement sur la colline des Chaumes Grandjean à Prémery. J’y ai d’ailleurs retrouvé une qualité de vie incroyable, la bienveillance des anciens et la sérénité dont j’avais besoin pour continuer mon chemin.
J’aime la Nièvre. C’est mon pays de naissance et les paysages sont si beaux et variés ! Nous, les Nivernais, devons être conscients de ce bel atout et surtout, le faire savoir !
CCLB : Pour quelles raisons vous êtes-vous engagée dans les élections municipales ?
D.J-M. : Personnellement, je n’y avais jamais vraiment pensé. Encore une fois, c’est une question de rencontre et d’opportunité au bon moment. En fait, on m’a invitée à venir parler de la micro-nutrition lors d’une conférence à Prémery. C’est à ce moment-là que j’ai été remarquée par des élus de Prémery. Ils sont venus me chercher pour les élections municipales de 2014 et notre équipe étant élue, on m’a confié la mission d’ajointe au CCAS et aux écoles.
Aux dernières élections, je suis passée première adjointe en charge des mêmes dossiers, avec une nouvelle mission à la Communauté de Communes sur les dossiers sociaux, services à la personne et la santé.
CCLB : Justement, vous êtes en charge de l’action sociale au sein de la Communauté de Communes. Que signifie le mot « social » pour vous ?
D.J-M. : Pour moi, c’est l’aide aux autres, la bienveillance. C’est aussi être attentif et à l’écoute des besoins de la population ; la population fragile notamment afin de leur venir en aide et mettre les mots justes sur leurs situations afin de trouver des solutions. Il y en a toujours ! Et beaucoup de personnes n’y pensent pas mais justement, nous sommes là pour aider, écouter, rassurer, donner des conseils, diriger vers les bons services, etc.
Finalement, je dirais que le social, c’est vraiment un service essentiel pour le territoire. Si je devais le résumer en un mot clé d’ailleurs, c’est la bienveillance.
Alors même si la vie d’élue est toute nouvelle pour moi, je ne regrette pas ce choix car finalement, ce rôle convient parfaitement à mes valeurs qui sont le sens de l’aide aux autres ; l’humain étant toujours ma priorité.
CCLB : Quel travail d’harmonisation des services d’action sociale réalisez-vous depuis le début de votre mandat en juillet dernier ?
D.J-M. : Il y a beaucoup à faire. Déjà au niveau du service à la personne avec le CIAS. Aujourd’hui, c’est un besoin impératif pour notre territoire. Notre rôle est de réussir à garder ce service essentiel et irremplaçable. C’est une action de prévention et de développement social au service de nos aînés, ils méritent toutes notre attention et notre bienveillance.
En ce qui concerne les trois centres sociaux du territoire, ils ont tout mon soutien. Je suis admirative du travail qu’ils réalisent et de toute cette énergie déployée par les encadrants pour accompagner petits et grands. Beaucoup de patience et de bienveillance sont leur quotidien, surtout auprès des familles fragilisées. Je souhaiterais quand même, à terme, que nous réussissions à proposer une même qualité et diversification de l’offre sur l’ensemble du territoire de la Communauté de Communes.
Les chantiers d’insertion sont pour moi de beaux outils de réinsertion et il faut continuer de les valoriser. C’est un service qui me tient à cœur et qui permet d’accompagner des personnes au RSA vers une formation valorisante et déboucher vers un emploi. Le secteur marchand est à développer ainsi que le partenariat avec les communes que j’invite à respecter leurs engagements de réservation d’heures.
Enfin, pour la petite enfance, nous avons le projet d’extension de la halte-garderie de Prémery depuis de nombreuses années. Nous allons voir le début des travaux d’agrandissement commencés en septembre 2021. Ils vont permettre de passer en multi- accueil et recevoir jusqu’à quinze enfants sur 5 jours de la semaine. Une micro-crèche à la Marche va également être l’objet de toute mon attention ainsi qu’à Urzy. Il me semble clairement nécessaire d’apporter un service de garde pour les plus petits et du confort pour les parents qui travaillent.
Sur tous ces dossiers et de manière générale, je souhaite faire de mon mieux dans cette mission qui m’est confiée, et honorer mon engagement.
CCLB : Que pensez-vous de la désertification médicale et de l’inégalité d’accès aux soins dans le territoire, et tout particulièrement sur le bassin de vie de Prémery ?
D.J-M. : C’est grave. C’est un état des lieux qui est bien triste pour notre secteur prémericois. Aujourd’hui, nous n’avons qu’un seul médecin pour ce secteur. Nous avons donc investi dans un pôle santé à Prémery où aujourd’hui se sont installées trois infirmières libérales. Le cabinet est également vacant pour accueillir un médecin généraliste.
Nous avons interpellé plusieurs médecins susceptibles de s’installer en zone rurale mais pour le moment, aucun engagement n’a été signé malgré toutes les aides de l’Etat. L’arrêt des congrès professionnels à cause de la crise sanitaire n’aide pas non plus à créer du lien avec les futurs médecins. Nous faisons donc appel aujourd’hui à deux cabinets de recrutement : un négocié par le PETR et un par la commune de Prémery. Ils sont en charge de nous trouver des médecins pour le secteur de Prémery et de La Charité-sur-Loire.
On se sent vraiment démunis, mais il nous faut encore 4 ans de patience et la situation devrait s’améliorer m’a confirmé le président de l’ordre des médecins.
CCLB : Vous êtes également en charge de la maison de service aux publics de Prémery et des travaux y sont d’ailleurs prévus pour la fin du deuxième semestre 2021. Qu’en attendez-vous ?
D.J-M. : En effet, nous réorganisons la Maison de Service aux Publics de Prémery. L’objectif est d’obtenir le label Maison France Service et des travaux de remise au norme d’accessibilité est prévu pour l’année 2021.
J’en attends beaucoup car pour moi, c’est vraiment synonyme du retour des services publics en milieu rural. Les nouveaux locaux seront d’ailleurs situés sur une route de passage donc la visibilité de ces services sera bien meilleure ! Le fonctionnement sera plus adapté également, avec, je l’espère, une ouverture avec des amplitudes horaires plus large. Enfin, je souhaite que ce nouveau lieu soit agréable et attractif, pour un service plus adapté et plus confortable, avec notamment des prestations diverses (lieu de télétravail, des soutiens informatiques aux démarches administratives, etc.)
CCLB : Actuellement, quelle place a Prémery et son bassin de vie selon vous au sein de l’intercommunalité ? Comment voyez-vous les choses à l’avenir ?
D.J-M. : Je trouve que Prémery est trop effacé et qu’on ne parle pas suffisamment des richesses de cette partie du territoire. Même si bien sûr, on se sent soutenu par la présence des services intercommunaux sur place, ainsi que l’EBE 58. Mais nous sommes une petite ville, avec beaucoup de chômage.
Il faudrait, à mon sens, que les Prémerycois s’approprient plus le territoire en direction de La Charité et de la Loire.
CCLB : Avez-vous un dernier mot à partager avec les habitants du territoire ?
D.J-M. : Oui… En ce moment, nous traversons un cycle stressant et préoccupant, que ce soit collectivement et individuellement. Nous sommes peut-être en perte de repères mais je suis positive pour l’avenir ; nous allons trouver des solutions et maintenir le cap !
À nous d’ailleurs de construire un monde meilleur, plus à l’écoute.
La vie est un chemin, il ne faut pas se tromper et prendre le bon cap, le mien s’est porté sur la santé et l’aide aux autres.
C’est pour cette raison que depuis 20 ans, je parraine des petites filles au Népal dans l’association « toit du monde – assistance médicale ». Cela leur permet de suivre une formation scolaire en internat et d’être surveillées médicalement. Je les accompagne jusqu’à l’obtention d’un diplôme leur permettant d’acquérir un métier et d’être décisionnaire de leur vie.
J’ai fait le choix d’aider les petites Népalaises parce que dans leur culture, elles sont destinées à rester dans leur milieu familial pour aider aux travaux ménagers et agricoles de la famille et n’ont aucune chance de réaliser leurs rêves.
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