Tous les deux mois, à l’occasion de la newsletter « La Feuille 2.0 », la Communauté de Communes Les Bertranges publiera le portrait d’un élu communautaire.
Pour ce deuxième entretien, nous vous proposons de découvrir le parcours et la vision du premier vice-président de l’intercommunalité, Jean-Pierre Chateau, en charge de l’économie, du commerce, de l’artisanat, du sport, de la culture et de l’animation du territoire.
CCLB : Pouvez-vous nous raconter votre histoire, votre parcours professionnel, etc. ?
J-P.C. : Je suis issu d’une très vieille famille Guérignoise qui, depuis le XIXe siècle, a eu des engagements dans la vie locale, en particulier avec la famille Dariaux. J’ai suivi des études de droit et de sciences politiques. Pendant mes études, j’ai eu l’occasion d’être le collaborateur d’Henri Noguères au service juridique de la Ligue des Droits de l’Homme ; il fut un maître sur le plan professionnel. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup apporté ; c’était un grand résistant, un grand personnage. Il reste une des personnes que j’ai rencontrées qui m’ont fortement marqué. À la suite de cette expérience et de l’obtention de mes troisièmes cycles, j’ai commencé à enseigner à l’université de Paris I, Panthéon-Sorbonne.
J’ai eu l’opportunité de revenir dans le département de la Nièvre. J’ai travaillé avec Bernard Bardin alors qu’il était député, puis j’ai été Directeur Général des Services du Département de la Nièvre. Je suis resté 7 ans au Conseil Général de la Nièvre. Ces années ont été exaltantes, notamment lorsque, sous l’autorité de Pierre Bérégovoy, j’ai travaillé à la construction du circuit de Magny-Cours.
Après ces expériences dans le secteur public, j’ai finalement souhaité faire autre chose. J’ai donc intégré les industries électriques et gazières. J’ai exercé différentes responsabilités, tel que directeur des affaires publiques du groupe EDF. Je me suis également occupé du développement de l’électrification rurale en France. Et j’ai terminé ma carrière en tant que chef de l’inspection à la RTE (Réseau de transport d’électricité). Je viens d’ailleurs de mettre un terme à mes activités professionnelles au 1er novembre 2020.
De par mes expériences dans le secteur public et le secteur privé, j’ai appris que la vie n’est qu’une succession de rencontres qui vous construisent et vous structurent. Cela m’a également permis d’avoir des approches très différentes, qui peuvent être particulièrement utiles pour un élu, comme comprendre ce qu’est le monde autour de nous. C’est fondamental. Les années passées dans le monde de l’entreprise m’ont été notamment utiles à cela. Comme l’ont été mes fonctions d’élu local pour les structures dans lesquelles j’ai travaillé.
CCLB : Quels sont les raisons de votre engagement politique local ?
J-P.C. : J’ai toujours été attaché à Guérigny, de façon atavique. Les latins disaient : « Dis-moi qui sont tes ancêtres et je te dirais qui tu es ». Je suis très fier de mes ancêtres, qui étaient des ouvriers de l’arsenal. Ce sont des gens qui ont travaillé, qui ont construit la République, qui se sont battus pour elle. Je n’ai jamais oublié leurs parcours. La fidélité et le respect envers mes ancêtres étant mes deux principes de base, c’est ce combat pour la République qui m’a toujours guidé dans mes engagements.
Et au niveau local parce que nous sommes le fruit d’une histoire. Nous ne sommes pas là par hasard. J’aime cette ville et c’est pour cela que je me suis engagé ici. J’aurais pu faire autre chose et cela n’a jamais été simple, lorsqu’on a une activité professionnelle forte à côté, en plus d’une vie familiale. Mais j’avais envie de le faire, par respect et fidélité à des principes.
Je me suis engagé la première fois pour un mandat de conseiller municipal en 1983 à Guérigny. Puis je ne l’ai plus été, car j’étais sur des fonctions incompatibles avec le poste de Directeur Général des Services du département de la Nièvre. J’ai été réélu plus tard, en 1995, en tant que conseiller municipal encore une fois, puis en 2001 en qualité d’adjoint au maire puis depuis 2008 à la fonction de maire.
CCLB : Que représente pour vous l’intérêt communautaire ?
J-P.C. : À mon sens, il faut bien choisir et définir ce qu’on va y faire. Il ne suffit pas de vouloir tout faire, car au final, on fait mal. Il faut déjà se dire que les intercommunalités sont des établissements publics de coopération intercommunale.
Aussi, devons-nous fixer le rôle fondamental de l’EPCI qui, à mon sens, est de permettre la préparation de l’avenir en liaison et en appui avec les communes, ainsi que la construction de l’identité de notre territoire.
Prenons l’exemple des ordures ménagères, qui est une compétence intercommunale ; elles ne peuvent pas être traitées à l’échelon communal. C’est un service de base et fondamental qui, je tiens à le dire, sur notre secteur, est un service de qualité.
Ensuite, il faut réfléchir à ce que nous souhaitons faire ensemble dans une vision partagée par les 32 communes. Il faut pour autant être conscient que notre territoire est en situation difficile. Nous ne sommes pas dans un territoire en développement extraordinaire et nous avons des collectivités pauvres. Il faut donc faire preuve d’imagination et essayer d’aller dans quelques voies qui vont produire des effets pour l’avenir. Il y a des enjeux forts, tels que le développement au niveau économique mais aussi du sport, de la culture, de l’animation, du tourisme, de l’environnement, etc. Ce sont des axes majeurs sur lesquels nous devons construire une image des Bertranges et donner envie de se rendre dans des lieux de ce territoire, de le faire vivre.
CCLB : Justement, comment décririez-vous l’identité de notre territoire intercommunal ?
J-P.C. : Je pense qu’il faut regarder ce que nous avons en commun : qu’est-ce qui nous permet de travailler ensemble ? Nous avons un territoire avec Les Bertranges au cœur. Cela peut être une vraie frontière, comme tout massif forestier, mais à nous d’en faire un symbole fédérateur et de montrer ce que peut apporter ce massif forestier d’exception à notre territoire. Bien sûr, la plupart des communes sont en périphérie de la forêt, même si quelques-unes y sont au cœur. Mais en particulier les trois bourgs centres sont en périphérie. C’est dans ce sens que nous devons faire de ce massif forestier un véritable atout, en sachant que la forêt l’est déjà sur le plan économique. Il convient donc de renforcer tout cela, avec cette idée d’en faire un vrai lieu de développement, et en particulier pour l’ensemble du territoire.
De plus, et ce qui est quand même fondamental pour moi, c’est d’avoir une histoire à raconter. Et sur l’intercommunalité, nous avons une histoire fabuleuse à conter. Elle doit bien sûr se teinter de culture et quand je dis cela, je pense notamment à Achille Millien, cet homme qui a beaucoup travaillé à la collecte des contes, légendes et chansons populaires du Nivernais. Comme j’aime à le dire, « L’Histoire doit éclairer notre futur ».
Et puis enfin, faisons-en sorte de valoriser sur notre territoire ce qui fait bouger les lignes, que ce soit sur le plan économique, sur le plan culturel, le plan sportif, le plan touristique, le plan environnemental. C’est-à-dire qu’il faut avoir une ambition, pas pour soi, mais pour son territoire.
J’aimerais d’ailleurs qu’on fasse en sorte qu’à la fin de notre mandat, le mot « Les Bertranges » ait largement dépassé les frontières de notre département et qu’il soit connu des bassins de vie, notamment parisien.
CCLB : Vous parliez des bourgs-centres situés en périphérie de la forêt Les Bertranges. Pour vous, ont-ils un rôle particulier à tenir dans un EPCI ?
J-P.C. : Il est évident qu’ils ont une responsabilité déterminante dans le sens où ils ont tous les trois une histoire différente. L’Association des Petites Villes de France s’est battue depuis des années pour faire comprendre aux pouvoirs publics que les villes moyennes mais aussi les petites villes avaient un rôle à jouer. Nous avons mis beaucoup de temps mais nous avons obtenu le programme des « Petites Villes de demain ». Aujourd’hui, cela démontre bien que ces bourgs ont la responsabilité d’agir pour le développement des territoires.
Pour autant, même si nous parlons de revitalisation des centres-bourgs, il ne faut pas se tromper quand il est question d’investissement. L’argent public est rare, nous avons des responsabilités envers lui, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi, dans n’importe quel endroit ; il faut bien réfléchir à ce que nous faisons.
CCLB : Pour terminer, vous êtes en charge de l’économie, du commerce, de l’artisanat au sein de la Communauté de Communes. Pouvez-vous nous dire quelle vision économique vous avez du territoire ?
J-P.C. : Quand on a pratiqué le monde de l’entreprise, il faut être conscient qu’il n’y a pas de vision dogmatique. À mon sens, il faut plutôt être conscient des opportunités et il faut les saisir quand elles passent. Il faut aller jusqu’au bout et se dire « on y va ».
A l’issue de la crise, que j’espère le plus tôt possible, nous devrons constater les dégâts. Mais quoi qu’il en soit, l’économie que nous connaissions avant ne sera pas la même que celle qui en sera issue. Il faudra donc être particulièrement attentif et imaginatif et valoriser ce qui pourra l’être. Il y a des dominantes chez nous, autour du bois notamment, mais aussi autour de la construction de l’image de notre territoire.
C’est en le faisant connaître au-delà de nos frontières que nous pourrons rencontrer des personnes et ces rencontres pourront amener des projets permettant de développer l’économie sur notre territoire.
Relire le portrait de Claude BALAND, Président de la Communauté de Communes
Prochain portrait d’élu prévu en avril 2021 : Dominique JOLLY-MEILHAN, 2ème Vice-Présidente.
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