Tous les deux mois, à l’occasion de la newsletter « La Feuille 2.0 », la Communauté de Communes Les Bertranges publiera le portrait d’un élu communautaire.
Pour ce premier entretien, nous vous proposons de découvrir le parcours et les engagements du nouveau président de l’intercommunalité, Claude Baland. C’est également l’occasion d’apprendre quels sont ses liens avec le territoire Les Bertranges.
CCLB : Pouvez-vous nous conter votre parcours ?
C.B. : Je suis né tout près d’ici, chez mes grands-parents. Ils tenaient un bistro aux Chamignons, un hameau de Saint-Léger-le-Petit (dans le Cher). J’ai été élevé alternativement par mes parents et mes grands-parents. J’ai notamment suivi l’école primaire à Saint-Léger-le-Petit et ma seconde au lycée de La Charité-sur-Loire. Puis, j’ai eu le concours de l’école normale primaire de Nevers. J’ai donc continué mes études et j’ai obtenu le baccalauréat en 1966.
Ensuite j’ai suivi une année de formation professionnelle et j’ai été affecté comme instituteur au collège de Prémery en septembre 1968 ; j’y ai enseigné le français et l’histoire-géographie pendant un an, puis j’ai souhaité reprendre mes études. Pour les payer, j’étais surveillant à l’école normale primaire de Nevers et j’étudiais ainsi deux jours par semaine l’histoire-géographie et l’économie à la faculté de Clermont-Ferrand. Rapidement, j’ai obtenu un poste de surveillant à l’école normale primaire du Puy-de-Dôme à Clermont-Ferrand, ce qui a facilité la poursuite de mes études.
Puis j’ai obtenu le concours de l’IPES (Institut de préparation aux enseignements de second degré). C’était un concours très avantageux, car l’État nous payait pour suivre nos études à temps complet. J’ai donc obtenu l’agrégation et j’ai eu la chance d’être nommé professeur d’histoire-géographie au lycée de Cosne-sur-Loire, où j’ai enseigné 3 ans.
À l’instigation d’un médecin de Villequiers (Cher), j’ai passé le pré-concours de l’ENA. Quand on réussissait, on était à nouveau payé par l’État pendant un an pour préparer le concours de l’ENA, que j’ai eu en décembre 1980. J’ai donc fait ma scolarité à l’ENA pendant deux ans et en suis sortie en juin 1983.
C’est alors que j’ai commencé ma carrière au ministère de l’Intérieur. Je l’ai poursuivie dans le privé à partir du 1er avril 2015, comme directeur de l’éthique du groupe Renault. Et le 1er avril 2019, j’ai été promu directeur de l’audit, de l’éthique et des risques majeurs, jusqu’à prendre ma retraite tout récemment, le 30 septembre 2020.
J’ai été passionné par tous mes postes et m’y suis investi, même dans ceux qui étaient difficiles, notamment en tant que préfet de la Seine-Saint-Denis ou encore que directeur de l’administration de la Police nationale en 2001. Pour ce dernier, j’ai dû beaucoup négocier, pour appliquer la réforme sur les 35 heures, par exemple.
CCLB : Quel est selon vous l’apport de ce parcours au service de la Communauté de Communes Les Bertranges ?
C.B. : Toute ma carrière de préfet et de sous-préfet m’a fait travailler avec les élus. Je suis un préfet d’après-décentralisation, donc l’essentiel de mon métier était de me concerter avec les élus, d’essayer de les convaincre de s’engager dans des actions communes. J’ai d’ailleurs aussi appris à gérer des élus qui avaient des caractères difficiles.
Je sais donc conduire, animer, présider des réunions difficiles. J’ai également une certaine rigueur qu’on apprend dans les services de l’Etat : la rigueur de l’administration, de la gestion d’un budget, etc.
Pendant longtemps et souvent, je suis parvenu à fédérer des élus et plusieurs partenaires sur un projet commun. J’aime bien la négociation, la concertation, essayer de convaincre. Ce que je peux apporter finalement, c’est un travail en commun, dégager des majorités sur un projet et une rigueur de gestion.
CCLB : Vous parlez souvent de « l’amour du pays » et on vous considère comme un « passionné des territoires ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Quelles sont vos attaches avec notre territoire Les Bertranges ?
C.B. : Je suis très attaché à notre territoire. Au sens large bien sûr, car j’englobe la commune où je suis né dans le Cher.
Pour moi c’est une histoire de fidélité. D’abord envers mes grands-parents, mes parents, à mes racines. Je suis très attaché à la mémoire du passé. C’est surtout une fidélité à l’enfance et à tous mes grands-parents et à mon père notamment, qui m’ont beaucoup apporté.
Je suis également très attaché aux paysages. J’adore La Loire. Par chance, nous avons pu acheter avec mon épouse une maison qui est à 30 mètres de la Loire : c’est un privilège ! Ce fleuve me subjugue : il a l’apparence d’un fleuve sauvage, il fluctue, évolue, change souvent de lit. De mon bureau, il accapare mon regard et m’étourdit dans des aventures « à la Raboliot »
Je suis également très attaché aux Bertranges car mon grand-père était un grand chasseur ; c’était sa passion. Il m’emmenait à la chasse à la bécasse au mois de février et nous allions régulièrement nous promener pour cueillir des girolles, des cèpes, du muguet… Il connaissait tous les bons coins et recoins. Une attirance vers les bois et sous-bois… La belle nature.
Enfin, dans l’attachement au pays, il y a notre patois. J’ai fait quelques recherches et quand on dit ici « Arrête de me détorber », ça vient du mot anglais « to disturb ». Les anglais ont souvent occupé le Berry pendant la guerre de 100 ans, et ils en ont laissé une empreinte dans notre langage. Ma grand-mère ne parlait que le patois. Alors quand je revenais de l’université, je faisais le grand écart et je ne lui parlais qu’en patois. Elle y aurait perçu un signe de distanciation comme si j’avais eu honte d’elle et de notre passé commun. Aujourd’hui, c’est une gourmandise de parler le patois avec un ami vigneron.
CCLB : Depuis quand et comment êtes-vous revenu dans le val de Loire ? Pourquoi avoir choisi de vous engager localement ?
C.B. : Nous avons acheté avec mon épouse une maison sur la commune de La Marche le 1er septembre 1977. Mon grand-père me disait d’ailleurs souvent que l’un de ses grands-oncles avait été maire de La Marche. Après quelques recherches, effectivement, il a été maire de 1900 à 1908. J’ai donc aussi des racines à La Marche. On s’y plait beaucoup d’ailleurs, car c’est un village de caractère, d’anciens vignerons.
Pour ce qui est de l’engagement local, je ne l’avais pas programmé. Un jour, le maire de La Marche, Christian Marillier, m’a appelé pour me proposer d’être sur sa liste. J’ai réfléchi et j’ai accepté ; mais je ne souhaitais pas à ce moment-là être adjoint. Il n’y avait qu’une seule liste donc nous avons naturellement tous été élus.
Lors de l’installation du conseil municipal, on m’a toutefois demandé d’être délégué communautaire. Pour cela, il me fallait une place d’adjoint pour être a minima crédible. Les conseillers municipaux ont voté et m’ont élu 4ème adjoint.
Quand j’ai été élu délégué communautaire pour représenter La Marche, l’idée est venue à certains de mes collègues élus de m’inviter à proposer ma candidature à la présidence de l’intercommunalité. J’ai beaucoup hésité et, in fine, mon engagement pour le « pays » a été plus fort.
CCLB : Quels sont les principaux dossiers auxquels vous souhaitez apporter votre attention pour ce mandat ?
C.B. : Selon moi, avant d’envisager de nouveaux grands équipements, il faut déjà assurer des services quotidiens de qualité à la population.
Donc dans un premier temps, il s’agit de bien faire fonctionner tout ce qui apporte un véritable service concret à la population. Comme notre population n’a pas un niveau de vie élevé, ces services sont souvent en déficit. Il faut donc assurer leur pérennité, tel le service d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD), les trois centres sociaux intercommunaux, l’école de musique, danse et théâtre, les bibliothèques, etc. Les services de collecte et de gestion des déchets fonctionnent très bien. Il faut donc que l’on continue à rendre concrètement service aux habitants.
Dans un second temps, si cela se confirme budgétairement possible, améliorer quelques équipements actuels. Comme l’école de musique par exemple. L’idée est que la population s’y retrouve. J’espère également que notre communauté de communes sera sélectionnée pour accueillir l’installation du conservatoire national de la presse, antenne de la Bibliothèque nationale de France. Ce serait un des grands projets de la mandature mais rien n’est assuré car la compétition entre les villes candidates est âpre !
Enfin, j’aimerai également initier à terme un projet sur la d’une piste cyclable qui longe La Loire de La Charité-sur-Loire et qui traverse La Marche et Tronsanges, afin de relier progressivement cette rive droite de La Loire à Fourchambault. Comme ça, nous pourrions faire une boucle avec La Loire à vélo. Cela peut représenter une belle balade à faire en vélo sur notre territoire.
Il faut être réaliste : nous sommes une Communauté de Communes qui a peu de ressources. Une fois que nous aurons payé notre contribution à l’installation de la fibre, qui représente tout de même 1,8 millions d’euros, il ne restera pas suffisamment de fonds pour nous lancer dans de nouveaux grands équipements.
Il faut donc privilégier les projets de service, tels que des micro-crèches, car c’est immédiatement utile aux jeunes ménages. Comme celle qui sera construite au premier semestre 2021 à Prémery. Après, j’espère que nous arriverons à en financer une à La Marche pour le secteur charitois.
Il faut être conscient et prudent : il faut déjà bien gérer ce qui existe pour qu’on rende service concrètement à la population, avec le service d’aide à domicile par exemple. Faisons bien fonctionner ce qui existe, payons notre contribution à la fibre, parce que c’est indispensable pour pouvoir attirer de l’activité économique sur le territoire, mais ne rêvons pas à de grands projets et à de grands équipements. Soutenons efficacement nos entrepreneurs, commerçants, artisans, agriculteurs.
CCLB : Vous vous êtes engagé au sein de plusieurs structures : président de Bibracte, président de la Fédération française de la banque alimentaire… Pouvez-vous nous expliquer ces engagements ?
C.B. : Cela a commencé par Bibracte, en 2019. La précédente présidente du conseil d’administration ne souhaitait pas renouveler son mandat. La préfète de la Nièvre cherchait une personne susceptible d’être président du conseil d’administration et elle me l’a proposé. Je suis allé visiter le site pour voir si ça m’intéressait, puis j’ai été élu par le conseil d’administration le 2 décembre 2019.
Ensuite, pour la Fédération française de la banque alimentaire, mon intérêt date d’il y a quelques années, lorsque j’ai visité la banque alimentaire d’Auch en 2000. Cette visite m’avait impressionné favorablement, car c’est un instrument concret de solidarité et de la redistribution de la nourriture. Je m’étais dit que c’était une petite entreprise solidaire : il y a de la gestion de personnel, de bénévoles, il faut gérer un budget, il faut connaitre les normes de conservation de réfrigération des aliments, etc. Je m’étais dit qu’à la retraite, pourquoi ne pas les rejoindre et être utile ? Honnêtement, je m’imaginais Président de la Banque Alimentaire de Bourges ou de Nevers. Mais j’ai été approché par le précédent président de la fédération française, qui m’a proposé de présenter ma candidature. J’ai ainsi été élu lors du conseil d’administration du 14 janvier 2020.
CCLB : Un dernier mot à communiquer aux habitants du territoire ?
C.B. : Je souhaite parvenir à animer collégialement les cinquante-sept délégués communautaires pour que l’on constitue une équipe efficace qui rend services aux habitants et répond à leurs attentes.
Je suis à la disposition et à l’écoute de mes « pays ».
Prochain portrait d’élu prévu en février 2021 : Jean-Pierre Chateau, 1er Vice-Président.
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