La CCLB a eu l’occasion d’échanger avec Nathalie Jadot, membre fondateur de l’association du Théâtre des Forges Royales de Guérigny. Retour sur la création, les projets et la vie de cette association culturelle emblématique du territoire.
Comédienne, Nathalie Jadot a fait ses études à Paris. Très vite, elle rencontre Pascal Tédès, auteur, metteur en scène et comédien. Ils créaient ensemble la compagnie « Le Carambole Théâtre » en 1995.
Ils jouent rapidement leur première création au Théâtre de la Bastille à Paris, puis sont nommés par le ministère de la culture pour (agir) travailler sur des sites pilotes en Alsace (Mulhouse, Strasbourg), dans le cadre de la politique culturelle des quartiers, auprès des jeunes en difficultés. Après une vie passée sur les routes, la troupe décide de s’installer à Guérigny et de créer un lieu qui devient vite emblématique au niveau local : Le Théâtre des Forges Royales de Guérigny.
CCLB : Pour commencer, pouvez-vous nous raconter comment s’est créé l’association du Théâtre des Forges Royales de Guérigny ?
N.J. : Tout a commencé avec l’arrivée et l’installation de notre compagnie Le Carambole Théâtre dans le bâtiment à clocheton à Guérigny. Après cette longue période Alsacienne où nous étions aussi beaucoup sur la route, nous avions envie de poser nos valises quelque part. Nous avions une maison familiale dans le Morvan où nous venions passer nos étés. Adorant la région, nous avons proposé une création « Le peuple des Ronces » au conseil départemental dont le président de l’époque était Jean-Louis Rollot. Emballé par le projet, le Conseil Départemental nous a aidé à trouver un endroit où nous installer.
Nous avons visité plusieurs lieux… jusqu’au jour où nous sommes arrivés sur le site des Forges Royales à Guérigny. Nous avons eu un énorme coup de cœur, alors, grâce au soutien du département et de la ville de Guérigny, Le Carambole Théâtre a pu poser ses valises.
Au bout de quelques temps, la troupe s’étant forgée une place et une reconnaissance sur le territoire, nous nous sommes dit « Pourquoi on ne créerait pas un lieu culturel ? ». On pourrait ainsi accueillir d’autres troupes et avoir une programmation toute l’année… C’est ainsi qu’avec Jean-Pierre Chateau, Maire de Guérigny et le soutien du Conseil Départemental, nous avons commencé à monter des dossiers et sommes allés à la recherche de subventions pour créer ce projet. Et il y a un peu plus de 6 ans maintenant, en avril 2014, que le théâtre a ouvert ses portes.
C’est à ce moment que nous avons créé l’association du Théâtre des Forges Royales de Guérigny et que la troupe du Carambole Théâtre est devenue « troupe attachée » au théâtre, lieu où elle répète et met en espace, ses créations. D’autre part, nous sommes trois (Pierre, Pascal et Nathalie) de la compagnie à nous occuper de la programmation, et de la ligne artistique du Théâtre. C’est avec l’équipe des bénévoles, environ une dizaine, que nous accueillons les spectateurs et que nous gérons le bar du théâtre.
CCLB : Mais pourquoi ce lieu en particulier, à Guérigny ?
N.J. : En Alsace, il y a beaucoup de friches industrielles du XIXème, XXème… Des anciennes filatures, surtout. Nous avons eu de la chance de pouvoir investir ces différents lieux pour y travailler. Quand nous sommes arrivés ici, à Guérigny, c’est une émotion de joie qui nous a envahie. Tout était là ; d’abord le site, avec son étang, ses bâtiments immenses, puis nous avons ouvert les grandes portes du bâtiment à clocheton et là on a découvert la grande roue et cet espace où l’acoustique était incroyable. Il y a une âme ici que nous n’avions trouvée nul par ailleurs. C’est vraiment là qu’on s’est dit « On n’a trouvé ». Alors avec la municipalité nous avons installé une grande scène au fond du bâtiment afin d’y produire les créations théâtrales.
CCLB : Vous avez toujours fait du théâtre. Qu’est-ce qui vous passionne dans ce métier ?
N.J. : Le contact avec les gens. Partager ma passion, être le lien entre les spectateurs et les auteurs. Quand j’étais jeune comédienne (j’’ai été 3 ans stagiaire à la comédie française), j’ai fait du cinéma, de la télévision aussi. Et bien c’est le théâtre qui me passionnait le plus : j’aimais et j’aime être sur scène. C’est pour cela qu’avec Pascal, qui est auteur, nous avons décidé de créer notre compagnie et que nous sommes partis sur les routes.
Pour la petite histoire, au départ, je ne voulais pas du tout faire ça ; je viens d’une famille d’enseignants et moi aussi je voulais enseigner. Puis je suis allée au conservatoire d’Amiens pour faire du théâtre, en activité extra-scolaire. Ça s’est révélé être une passion. J’ai toujours aimé la littérature, j’ai un immense respect pour les auteurs, les écrivains, les artistes en général, et j’ai découvert que je pouvais transmettre, partager mon amour de l’art grâce au théâtre.
CCLB : On dit souvent que le théâtre aide à grandir, à nous donner confiance en nous. Pourquoi ?
N.J. : Oui, jouer nous aide à grandir ! On entre dans la peau de plein de personnages différents : des méchants, des gentils, des timides, des grognons, des révoltés… Il y a des tas d’émotions que l’on exprime à travers le théâtre. Puis c’est un art collectif : on apprend le respect, le vivre ensemble, à écouter l’autre, à le regarder et à se déplacer dans l’espace ; ça donne de l’équilibre et de l’attention tout ça. Pour les timides par exemple, le fait d’être dans la peau de quelqu’un d’autre, de jouer un rôle, leur permet d’oser plus facilement. Depuis que je donne des cours de théâtre (RESO) j’ai vu beaucoup d’enfants prendre conscience de leurs qualités et grandir avec confiance.
CCLB : Comment l’association est-elle organisée ?
N.J. : Ce qui est important de dire, c’est que nous n’avons pas de permanent, pour le moment. Nous sommes tous bénévoles ou intermittents. Je suis intermittente du spectacle avec le Carambole Théâtre mais je suis bénévole pour l’association du Théâtre des Forges Royales. Je fais partie de l’équipe de programmation artistique avec Pascal Tédès et Pierre Otzenberger qui sont aussi intermittents. Pierre Otzenberger est le régisseur du lieu. Ensuite il y a les membres du bureau de l’association : Philippe Dufour est notre président, Sophie Barbe est trésorière et s’occupe aussi de toute l’administration, Thierry Berthot est vice-président, Claude Allier trésorier adjoint et Nadine Allier secrétaire.
Nous sommes une association qui gérons un lieu de diffusion et de création, nous ne sommes pas un théâtre municipal, mais les murs, le bâtiment qui nous accueille est municipal. Nous fonctionnons grâce aux subventions, (ville de Guérigny, Communauté de Communes, Département et Région) et aujourd’hui grâce aux entrées du public qui est toujours de plus en plus nombreux.
Nous gérons tout, le choix et l’achat des spectacles, la communication (programme, affiche) … la logistique qui accompagne l’accueil des artistes : les contrats, les frais de transports, d’hébergement, de restauration, etc.
CCLB : Combien comptez-vous d’adhérents ?
N.J. : Fin 2019 nous avions 75 abonnés / adhérents au Théâtre des Forges Royales de Guérigny. Nous ne parlerons pas de l’année 2020 qui est une année à part …
CCLB : Justement, comment avez-vous fait face à la crise sanitaire ?
N.J. : Quand il y a eu le déconfinement, nous avons eu beaucoup de demandes pour savoir si nous allions reprendre la programmation ou non et quand, comment ? C’est alors que l’idée de faire un mini-festival en extérieur du 10 au 13 juillet a fait son chemin. Nous avons organisé dans l’urgence 4 spectacles, sous chapiteau, les artistes et les spectateurs ont répondu présents, c’était extraordinaire. On a aussi réussi à reprogrammer la plupart des spectacles qui étaient prévus en mars / avril / mai / juin 2020, maintenant que tous les gestes barrières sont mis en place.
CCLB : Quels sont les projets à venir pour l’association ?
N.J. : Aujourd’hui l’objectif de l’équipe du Théâtre est d’engager un ou une salariée, une personne dédiée au théâtre qui serait en charge de l’administration, de la recherche de nouveaux financements, et qui représenterait le théâtre à l’extérieur auprès des différentes instances. Nous aimerions aussi mettre en place une permanence physique, peut-être une matinée par semaine pour accueillir notre public. Et bien sûr toujours plus de spectacles pour les petits et les grands et pourquoi pas renouveler notre « Royal Festival » tous les étés !
Du côté du Carambole il y a plein de projets entre reprises et créations, ce n’est pas ce qui manque… Après cette période où nous n’avons pas pu exercer notre métier, l’envie et le besoin de créer, de rêver, de jouer, de partager nous dévorent … Nous espérons juste que les théâtres et tous les autres lieus de culture ne seront pas fermés trop longtemps, cela deviendrait vraiment trop difficile à vivre ! Alors nous travaillons autour de projets et les projets c’est aussi des rencontres et des partages. Avec Dominique Sierra éditrice de « La Tête à l’envers » nous avons imaginé ensemble d’accueillir pour le printemps des poètes la création d’un spectacle « Il, et sa nuit » au Théâtre des Forges, il mettra en scène le poète Régis Lefort et sera mis en musique par Pierre-Adrien Charpy.
CCLB : Où peut-on consulter votre programmation et réserver ? Peut-on vous trouver sur les réseaux sociaux ?
N.J. : La programmation est disponible un peu partout dans le territoire, mais notamment dans les points d’informations touristiques. On la retrouve également sur notre site internet www.theatredesforgesroyales.com. Pour réserver, vous pouvez nous écrire par courriel à resa@theatredesforgesroyales.com ou nous téléphoner au 06 52 74 26 54 (messagerie). C’est possible aussi en ligne ; on peut même payer par carte bancaire directement depuis le site si on le souhaite. Nous sommes présents sur les principaux réseaux sociaux : Facebook, Instagram. N’hésitez pas à nous suivre !
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